Les Belges du bout du monde (3/10): un jour en C1, Alex Craninx est "tombé de très haut" en quittant le Real
Alex Craninx n’a pas réussi à percer à Madrid et trace sa route loin de l’Espagne où ce Belge est né.
- Publié le 03-01-2019 à 19h12
- Mis à jour le 04-01-2019 à 09h20
Alex Craninx n’a pas réussi à percer à Madrid et trace sa route loin de l’Espagne où ce Belge est né. Il possède un passeport belge et a même déjà porté, à plusieurs reprises, le maillot des Diablotins. Il n’a pourtant jamais vécu dans le plat pays qui est le sien et ne parle correctement ni le français, ni le flamand. Bien plus à l’aise dans la langue de Cervantes - ou de Sergio Ramos, qu’il connaît bien mieux -, il vibre aux exploits du Real Madrid dont il a déjà porté le maillot dans les équipes d’âge. Mais c’est en Norvège, dans le club du Molde FK, qu’il exerce, pour l’heure, ses talents de gardien de but !
Décidément, le parcours d’Alexandro Craninx est à la fois international et atypique. L’homme, 23 ans, cultive, en vérité, les paradoxes. "Je suis né à Malaga où mes parents, originaires de Hasselt et Saint-Trond, étaient installés. J’ai grandi et j’ai fait toute ma scolarité en Espagne. Du coup, c’est vrai, je me sens très espagnol…"
Dès son plus jeune âge, Alex est tombé sous le charme du futbol. "En Andalousie, c’est une religion. Mes frères étaient mordus et jouaient à un bon niveau. J’ai suivi la même voie !"
Après avoir fait ses classes dans les équipes d’âge de La Laguna, du Fuengirola et du Marbella FC, il est repéré, à 14 ans, par les scouts du Real Madrid. Le grand club castillan lui propose de rejoindre la capitale pour intégrer l’école des jeunes du club, au sein d’une résidence réservée aux futurs talents. Il n’hésite pas une seconde. "Au début, cela n’a pas été facile. J’ai débarqué, en plein mois de novembre, au sein d’un groupe que je ne connaissais pas. Pour moi, tout était nouveau : la ville, l’ambiance, l’internat, l’environnement sportif. J’étais un peu seul pour relever un tel défi. Mais je me suis accroché…"
Et il trouve, peu à peu, ses marques au sein de l’équipe des cadets, puis dans les catégories U-18 et U-19. "Je partageais le vestiaire avec quelques-uns des plus grands espoirs du football espagnol. Il y avait notamment Marcos Llorente, Sergio Reguilon et Mariano qui font tous partie aujourd’hui du noyau A du Real."
Lorsqu’il accède, en 2015, au Castilla (l’équipe filiale du club merengue), Alex Craninx rêve, bien sûr, de fouler la pelouse du mythique stade Santiago Bernabeu. À l’époque, Iker Casillas est en passe de quitter la Maison blanche. Et on parle beaucoup de sa succession au poste de gardien de but. "J’ai accompagné l’équipe première lors d’une tournée estivale aux États-Unis. C’était fabuleux d’être au milieu de toutes les stars de l’équipe, dont Cristiano Ronaldo. Je me suis même retrouvé sur la feuille de match lors d’une rencontre de Ligue des Champions. Mais malheureusement je n’ai jamais joué de rencontre officielle. Une vilaine blessure au genou a ensuite freiné mon ascension et je n’ai pas réussi à accrocher le bon wagon…"
Du coup, conscient que sa chance était passée, il boucle ses valises pour le Sparta Rotterdam afin de chercher du temps de jeu. "Mais je ne me suis jamais adapté au foot néerlandais. Quand on quitte le Real, on tombe forcément de très haut. C’est le plus grand club du monde. À tous les niveaux : qualité des joueurs, infrastructures, staff, professionnalisation. Le changement était trop brutal. Je suis donc rentré chez moi, en Espagne, pour défendre le but du FC Cartagena, en deuxième division."
Et, depuis juillet dernier, il a rejoint le club norvégien du Molde FK. Nouveau défi, nouvelles ambitions. "Mes premiers mois ont été compliqués en raison d’un souci musculaire. Pour le moment, le championnat est à l’arrêt en raison de l’hiver. Les entraînements vont reprendre dans une semaine. Et je vais tout faire pour lutter pour une place de titulaire…"
C’est dans ce dessein, en tout cas, qu’il foule actuellement, en vacancier modèle, le sable de la Costa del Sol de sa chère Andalousie !
"Zidane a gardé une âme de joueur"
Lorsqu’il défendait les couleurs du Castilla (l’équipe B du Real), Alexandro Craninx avait, pour entraîneur, un certain… Zinedine Zidane. "Ce fut une expérience fantastique. Comme joueur, Zizou a fait rêver toute une génération. C’est une icône. J’étais évidemment fasciné de le côtoyer dans le vestiaire." Le coach français était d’autant plus attentif aux performances du gardien de but belge que son fils Luca occupait le même poste dans la même équipe ! "Mais il m’a toujours prodigué de bons conseils. Il était à la fois posé et attentif. Il parlait peu mais il était toujours juste. Un grand monsieur qui forçait le respect. Je crois que sa grande force est de parfaitement comprendre les joueurs. Il sait leur parler, anticiper leurs demandes, les mettre dans les meilleures dispositions. Quelque part, il est toujours resté dans la peau du joueur. À mon avis, c’est d’ailleurs grâce à cet état d’esprit et à ses qualités psychologiques qu’il a si bien réussi lorsqu’il a pris en main l’équipe A avec, à la clé, trois sacres en Ligue des Champions."
"Courtois est ma référence"
Il a vibré au rythme des exploits des Diables rouges lors du dernier Mondial.
À défaut de bien connaître la Belgique, où il n’a jamais vécu, Alex Craninx affiche haut et fort ses couleurs noir, jaune et rouge. "Ce sont celles de mon passeport et de ma famille. J’adore l’Espagne mais je n’oublie pas que je suis belge…"
Il a d’ailleurs, plusieurs fois, défendu le maillot de l’équipe nationale dans les différentes catégories d’âge. "J’ai joué avec des joueurs comme Divock Origi, Jason Denayer ou Leander Dedoncker. Ce sont de merveilleux souvenirs !"
Lors du dernier Mondial de Russie, il n’a évidemment pas manqué une miette des matchs des Diables rouges. "Avec un peu plus de réussite, on aurait pu gagner le tournoi. La Belgique a proposé un excellent jeu. C’est une génération en or. Pour moi, elle méritait mieux que cette troisième place…"
Au même titre que Manuel Neuer (qu’il considère comme le gardien de but "le plus complet au monde"), Marc-André ter Stegen ou David De Gea, Thibaut Courtois fait partie de ses modèles. "J’ai mon style propre et je ne veux ressembler à personne. Mais il est clair que Courtois est une référence. On a pas mal de points communs, surtout depuis qu’il est au Real !"
À l’instar du gardien des Diables rouges, Alex Craninx est très grand - 1,97 m sous la toise - et se défend donc très bien dans les duels aériens. En outre, il n’a pas peur de prendre ses responsabilités. C’est dans son tempérament. "Quand il faut y aller, je suis toujours là. Je prends mes responsabilités. C’est dans ma nature", sourit-il.